« Grâce au cœur de village commerçant, le centre ville va reprendre vie ":
Interrogeons-nous sur ce slogan, serait-il une réalité ou une grande déception ?
Que veut-il dire ? commerce, village, centre ville, voilà trois mots clés d’un slogan. Analysons :
Les commerces
D’après l’INSEE, 99% des Français fréquentent les hypermarchés.
Si les communes rurales ont plutôt gardé un commerce de proximité, les supermarchés prédominent dans les agglomérations de moins de 10 000 habitants. Ces supermarchés « quadrillent » les territoires en s’implantant volontiers dans les villes de petite taille. Installés généralement en périphérie de ces petites villes, ils deviennent en fait le centre ville commercial moderne des agglomérations.
Linas est-elle vraiment quadrillée ?
Dans un périmètre de 4 kilomètres, les Linois ont à leur disposition : 4 hyper marchés (Carrefour, Géant-casino, Intermarché), 2 supermarchés (Atac et Simply du groupe Auchan) et 4 maxi discounts (Aldi, Pomme-Chou, Leader Price, Lidl)
La mort du petit commerce de proximité?
Par leur organisation, les supermarchés offrent en effet un choix plus vaste, des prix
attractifs, et la possibilité de combiner des achats alimentaires avec d’autres achats.
Nombre de galeries marchandes au sein de ces complexes se développent et comprennent généralement : le fleuriste, le coiffeur, l’esthéticienne, les biens d’occasion, la charcuterie, la parfumerie, l’horlogerie, la boulangerie, la boucherie, la pâtisserie, les livres, journaux et papeterie etc... Les grandes enseignes le savent : que cherchons nous ? : toujours le rapport qualité prix optimal avec
des facilités pour se garer.
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Le cas Linas : un cas isolé ?
Comme Linas, une majorité de petites villes françaises souffre du monopole de ces grandes surfaces. Pour Linas, les grands magasins ont d’autant plus d’emprise sur
notre sol que les ¾ de notre ville sont constitués de zones pavillonnaires et que le mitage du tissu péri-urbain y est important. Ces quartiers pavillonnaires*étant totalement excentrés, le drainage des populations vers le centre ville s’avère décourageant. Cela explique en autre la construction d’un supermarché entre Leuville et Linas. Succès garanti pour les dirigeants de cet « ATAC ». Ce projet n’est pas dû au hasard, il se situe dans un contexte d’éparpillement où les habitants sont extrêmement mobiles et où les emplois en majorité se situent à l’extérieur de Linas .
Quelles sont les villes qui s’en sortent avec un cœur de ville commerçant ?
Seules les villes à forte densité de population et un maillage serré peuvent conserver un bon équipement commercial. Pour les petits villages qui résistent encore avec ce genre de magasins de proximité que sont essentiellement des boulangeries pâtisseries, épiceries, boucheries, pharmacies ou commerces de détail, cela s’explique par l’attrait touristique de ces communes.
A Linas, le petit commerce a finalement périclité face à ces géants de la distribution. Que voulez-vous faire quand les grandes enseignes, en plus de prix bas, développent des formules de gratifications, des programmes de fidélisation, des promotions prix, des bons de réductions, des produits gratuits, l’essence moins chère.
Qu’en est-il alors de l’avenir d’un futur projet cœur de ville commerçant ?
Ces enseignes très réactives s’adaptent à l’évolution du consommateur en proposant, par exemple, une revalorisation du « mieux consommer » qui s’inscrit dans le développement durable.Faire son shopping sur Internet divise par 8 les émissions de CO2 ce qui permet au télémarket d'economiser 32,3 millions de KWh avec 446 000 livraisons réalisées en 2007. Le client lui, économise 24 heures par an au volant de sa voiture et 1283 km de voiture en moins par an. Les chances alors de succès d’un vrai cœur commerçant à l'ancienne est à notre sens une douce utopie dans une ville comme Linas.
La municipalité a-t-elle vraiment pensé le projet ?
Nous pensons que la municipalité, comme beaucoup d’autres villes en France, a suivi le modèle dépassé selon lequel il faut mener la résistance sur un terrain occupé par ces machines de guerre élastiques et intelligentes que sont les grandes surfaces : ce modèle qui entraîne une « bétonnisation » des centres villes n’aboutit à la fin qu’à un semblant de vie rythmé par le déplacement des habitants en place. C’est le schéma typique des centre villes dortoirs.
La municipalité mise-t-elle donc sur les retraités et les jeunes pour relancer le commerce, clientèle qui serait sur place dans le centre ville dortoir?
Malgré les incitations fiscales du Maire, cette clientèle serait-elle capable sur le long et court terme de venir dépenser dans un secteur plus cher que les hypermarchés avec des produits équivalents ?
Les baby-boomers ? Cette classe d’âge déménage et se repositionne souvent ailleurs, pour entamer une quatrième vie à la campagne ou à la mer. Linas a fortement subi ces dernières années cette migration.
Les 25/35 ans ? Placée en situation d’angoisse, cette classe d’âge organise sa consommation pour protéger son immédiateté. Elle investit dans l’immobilier et va du coup dans les supermarchés pour ne pas avoir l’impression de déconsommer.
Prenons les cinq-douze ans ? Le groupe Auchan avec le Super Marché Simply par exemple, a compris à travers sa publicité de service qu’il fallait s’adresser dès maintenant à cette génération qui évolue en réseau absolu Une génération 100% électronique, 100% communication, 100% réseau horizontal et donc 100% révolutionnaire avec un autre mental et un autre système de référence.
Alors qui ?
Madame Le Maire?
« Ma femme va faire ses courses principalement à Intermarché » nous a lancé le maire lors d’une réunion électorale de « quartier » mais il a rajouté : « Il y aura deux banques, un bureau de poste, la boucherie sera invitée à les rejoindre, la superette sera aussi la bienvenue ».Nous aurions pu ajouter, un magasin de location vidéo.
Quelle conclusion en tirer ?
Ce que le maire a dit sans le vouloir et cela est repris sur son site, c’est que les nouveaux commerces de proximité ne seront principalement que des commerces de service (banque, location vidéo, poste etc), commerces peu qualifiants fermant tôt, qui font un centre ville mort , sans aucun attrait, et pourvoyeurs de « zone de non-droit » la nuit. Cette réponse du maire lève pour nous toute ambiguïté sur l’essor d’une quelconque zone de commerces de proximité à Linas
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Quelle solution?
Nous pensons qu'il faut sortir une fois pour toute du "centre ville" pour englober tout le secteur historique de la ville. Des découvertes de premier ordre ont été mises à
jour pendant les travaux de l'église: (Patrimoine+culture+ tourisme = commerces ? ) Un
prince mérovingien pouvait nous donner un coup de main pour monter un grand projet: la municipalité a décliné l'offre. Qu'elle nous explique pourquoi? Remodeler la ville pour permettre à chacun de s'y épanouir sans l'obligation de prendre sa voiture, voilà un projet. Avec un parking de 350 places, on est plutôt mal parti.
Retirons donc les commerces de ce projet et résumons : que nous reste-t-il ?
Le village et le centre ville.
Alors, ce village ?
Ce projet va faire exploser la philosophie de notre village rural. Le bétonnage futur de notre centre ville, se fera au dépend de notre patrimoine démantelé.
Paradoxalement, alors que les Linois consultés rêvaient de « consommer » un cœur de village appartenant à un passé sacralisé en vieilles pierres meulières et rues pavées, le Maire leur emboîtant le pas, leur impose un retour dans le passé en épuisant et en amaigrissant ce patrimoine rural.
Qu’en est-il alors de cette vision d’un village rural ?
Quand on se promène dans les rues, on constate au regard de toutes ces maisons anciennes bien décrépies qu’aucune politique de réhabilitation n’a été déclenchée depuis 13 ans pour les remettre en état et servir un écrin historique à une quelconque
zone touristique donc commerçante. Quant aux maisons achetées par la mairie, si elles ne sont pas rasées pour être transformées en parking semi privé, elles sont à court terme condamnées à être démolies. Il faut bien se rendre à l’évidence cruelle : ce passé préempté par la mairie, notre passé villageois tombe en ruines après avoir été pillé et saccagé durant des années d’immobilisation forcée. Quarante générations de paysans précautionneux disparaîtront sous les coups des pelleteuses ou revendues à vil prix. Par ailleurs, il a fallu l’intervention des Bâtiments de France pour que la villa Gabrielle et une autre maison ancienne ne soient pas démolies…
Peut-on croire à un sursaut des Linois ?
Tout ce projet jusqu'avant les élections est passé dans l’indifférence générale. Seulement 4 personnes dont deux membres de l’association ont vu l’architecte durant les concertations publiques avec celui-ci …moins de 30 remarques furent consignées sur le livret d’enquête public et aucun conseil municipal relatant ce projet n’a été commenté si ce n’est par notre association. Voilà comment une lente maturation historique peut disparaitre.
La liste L8 dans son programme veut limiter les dégâts en réduisant le projet immobilier en pavillons. La liste ne développe pour l'instant aucune vision cohérente de ce changement: il faut qu'elle soit plus claire. Nous préconisons un éco village plutôt que des pavillons.
les contrats avec les prestataires sont signés, les travaux vont commencer début mars. Comment pourrait-on arrêter les travaux sans que Linas y perde beaucoup financièrement ? L8 élue, la nouvelle municipalité aura du pain sur la planche.
Il reste tout de même un bâti rural en centre ville?
Si peu et dans quel état ? nombre de ces maisons qui auraient dû être protégées, sont
encore la proie des spéculateurs qui malgré « l’urbanisme maîtrisé « (3 autos par logement) tant vanté par la municipalité n’en continuent pas moins de transformer ces maisons en appartements qu’ils revendent avec des places de parking insuffisantes.
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Le projet centre ville
Depuis 1999, la population de Linas a augmenté de 35% sans que les nouvelles infrastructures (écoles, crèches, nouvelles routes etc) suivent dans les délais. Les Linois ayant besoin de mieux vivre dans une ville en manque de stabilisation, n’ont pas besoin d’un apport supplémentaire de population et pourtant c’est un projet immobilier de 170 logements au moins qui serait construit à grands frais sur un site protégé, faisant glisser le centre ville actuel lentement vers le centre ville… dortoir ! Tout l’effet inverse du but recherché.
Comment ne pas être étonné qu’un projet municipal d’intérêt public de si grande envergure, qui a pesé et pèsera dans les charges des Linois aboutisse à un simple programme immobilier déséquilibré . Entre un habitat social économique minoritaire en bordure de route et l’accession à des propriétés privées haut de gamme, majoritaire sur les meilleurs parcelles, nous sommes très loin du cœur de village commerçant dont certains Linois rêvaient.
Linas a l’image d’une ville morte disent les habitants
Nous sommes d’accord avec eux mais nous voudrions nuancer. Quand ils parlent de ville morte, de quoi parlent-ils ? toujours du centre ville.
Linas n’est pas un centre ville ni une ville au sens propre, c’est une dispersion de zones pavillonnaires loin d’un quartier historique qui s’étend de la division Leclerc jusqu’au périmètre de l’église (rue Paul Bert, rue Montvinet). Sous cet angle, le centre ville de Linas est un quartier comme les autres.
Il n’est pas à lui seul, le centre historique comme il n’est plus le seul centre commercial.
Les quartiers à l'honneur
Quartier Tabor, quartier Sablons, quartier Montvinet, quartier Guillerville : : tous ces quartiers, tout comme le quartier « centre ville », ont besoin d’être réhabilités, restructurés pour dégager un lien fort entre eux.
Le quartier de l’étang par exemple est exsangue, tous les plans de circulation sont à revoir : il doit s’ouvrir aux circulations douces vers le parc de Brétigny, conserver des
espaces verts autour du Cosom etc…Réorganisons ces secteurs qui manquent de tout, apportons de la qualité de vie, du cadre de vie, organisons des rencontres motivantes interquartiers. Avant de penser ville vivante, nous pensons qu' il faut redonner une identité commune à tous ces quartiers. Derrière chaque habitation, il y a des êtres en autosuffisance à qui il faut redonner le goût de la communauté et du partage ! pas facile mais les moyens existent. C’est à ce prix que nous ferons de Linas une vraie ville, une ville vivante.
Un aperçu de ce qui va disparaitre : doit-on rester sans bouger?
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