Sur un coteau, au pied de la tour de Montlhéry, le centre-ville de Linas compte une poignée de maisons avec jardins à l'abandon. Anciennes propriétés maraîchères, ces demeures ont été préemptées par la mairie depuis parfois treize années. Cette friche au coeur de ville va disparaître, la mairie ayant présenté un ambitieux projet immobilier, avec 150 logements et des commerces. Les premières démolitions devraient débuter mi-septembre, a indiqué hier un membre de la municipalité. En attendant, l'association Mieux vivre à Linas conteste le projet. Sur son site Internet, un forum abrite un débat nourri. En substance, le reproche porte sur la destruction du patrimoine historique. « Ces maisons de maraîchers symbolisent la mémoire collective de l'Ile-de-France, argumente Dominique Bajard, président de l'association. De plus, Linas ne manque pas de terrain, alors pourquoi dénaturer ce coteau ? Nous attendions un projet qui ne tombe pas dans le travers des programmes immobiliers contemporains, mais c'est ici une logique de ville-dortoir. » « Nous n'avons pas exploité la surface au maximum » Le maire,
François Pelletant, défend son projet et considère qu'il a été validé à l'occasion des élections municipales. « Nous avons voulu éviter les opérations spéculatives non maîtrisées. Ces maisons étaient à l'abandon et les propriétaires n'avaient pas de quoi investir. On nous reproche de bétonner le centre-ville, mais
sur les 150 logements prévus, il n'y en a que 75 de nouveaux. De plus, nous n'avons pas exploité la surface au maximum, nous créons deux fois plus de places de parking qu'exigé. » La mairie souhaite créer un effet d'entraînement pour dynamiser le centre-ville avec de nouveaux habitants, des places de parking, des services. Comme projet alternatif, Mieux vivre à Linas défend une valorisation du bâti ancien pour attirer les habitants. « On a manqué une opportunité de mettre en avant l'histoire locale, de créer un cadre qui attire une clientèle. » Consulté, l'architecte des Bâtiments de France a apporté son bémol au projet en interdisant la démolition de la remarquable villa Gabrielle à flanc de coteau. Le cas de Linas illustre un problème qui s'applique à des centaines de communes d'Essonne et d'Ile-de-France. Que faire du bâti ancien ? A Montlhéry, par exemple, le sujet des vieilles pierres a pesé sur les dernières municipales qui ont vu l'équipe Pons remporter la mairie. Et les villages aujourd'hui sont cernés de zones pavillonnaires qui s'approvisionnent presque exclusivement en supermarchés. Les habitants du centre, eux, espèrent la fin de la désertification. « J'ai déjà vu partir une dizaine de commerces » déplore Véronique Labelle, fleuriste en centre-ville.
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