« Sinite parvulos venire ad me* »
Au delà du précepte du divin fondateur de l’église, nous pouvons nous
interroger sur les 3,4 millions d’euros nécessaires aux travaux de l’église de Linas.
Regardons autour de nous et voyons ces temples vivants, nos concitoyens, qui sont prêts à tomber dans la misère, la pauvreté, la solitude.
A l'heure ou beaucoup d’enfants manquent de moyens pour devenir des citoyens libres, responsables, utiles à la société et à leur famille, il est difficile d’accréditer ces idées de dépenser tant d’argent dans un monument qui pendant treize années a été fermé au public et n’en tient pas moins solidement sur ses fondations.
Chacun peut faire le constat que de ce magnifique édifice, aucune pierre n’est tombée, aucun pan de mur ne s’est écroulé depuis treize année.
Nos ancêtres depuis le XVIème siècle, en cela étaient plus justes et plus sages d’avoir consolidé l'église au juste coût, sans inévitablement la fermer aux visiteurs. Ils ne se sont jamais essayés à condamner au silence un monument qui à toutes les époques comptait, il est vrai, beaucoup plus de fidèles qu’aujourd’hui et ne demandait pas moins de travaux.
Pour eux, fermer une église si longtemps, c’était fermer définitivement les portes à l’apaisement et à la consolation : un grand malheur, donc.
Mais un plus grand malheur était de dépenser sans compter alors qu’il y avait autour d’eux tant d’hommes et de femmes désorientés.
Bien sur, ces gens responsables, ces élus qui veillent sur nous, vous diront du haut de leur pouvoir qu’une pierre peut tomber et porter atteinte au corps des visiteurs mais" treizes années ont à coup sûr porté atteinte à leurs âmes" diront les fidéles.
Mais qui sait ce qu’est une âme de nos jours ?
Je ne peux m’amuser de voir une coïncidence frappante entre notre église , sans vie depuis seize années (en comptant les travaux), et notre ville qui dans le même temps s’enfonce dans l’isolement, se déprime en perdant toute sa substance, ses ressorts, son patrimoine rural...
Dans deux semaines , ce sera Noël. La municipalité ne daignera pas faire sonner ces cloches qui parlent de paix à tous les cœurs et en toutes les langues.
Cloches d'une Eglise qui dans le temps, inspiraient et semaient des idées.
Maintenant que d’autres valeurs inspirent l’église, c’est dans une coquille à moitié vide, que trop d’argent va être dépensé. Dépensons pour les monuments, soit, mais demandons nous dans le même temps si les vivants ont eu leur part contre l’ignorance, la faim et la soif, car pour ceux qui sont le plus à plaindre, l’église immortelle que nous voulons réhabiliter se trouve bien dans leur fragilité.
* "Venez à moi les petits enfants"
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